Saïph avait froid. À vrai dire, il avait tout le temps froid ces temps ci. Toujours en train de grelotter, à chercher à se réchauffer même si l'hiver n'était pas encore là. Il ne savait pas trop ce qu'il se passait, peut être est ce qu'il était tombé malade ? Non, probablement pas, après tout les gens de la secte veillaient à ce qu'il n'ait besoin de rien, ce serait étrange qu'il ait attrapé froid... En parlant des gens de la secte, Saïph avait été 'recueilli' par Alecto, la réincarnation de Reshiram. Elle était gentille, quoiqu'un peu bizarre avec lui, mais elle avait quand même accepté de le loger dans son appartement donc ça devait être une gentille personne. Présentement, Saïph était dans l'appartement, observant la Zone Nord où Alecto habitait par la fenêtre. Reaper assis tout proche, veillant sur lui, prêt à bondir à la moindre menace qui se présenterait à eux, déterminé à protéger le petit humain qui comptait tant pour son ancienne dresseuse... Saïph éternua, et Reaper sursauta. Les petites mains de l'enfant allèrent frictionner ses bras. Il était gelé, les lèvres, les joues et les yeux rougis comme s'il marchait dans la neige depuis plusieurs minutes. N'y tenant plus, le petit garçon se leva, allant chercher la jeune femme qui l'hébergeait. Elle n'était pas bien loin, concentrée sur des documents dont il n'arrivait pas à saisir le sens. Alecto, j'ai froid... Un autre éternuement, sous le regard curieux de Reaper, à quelques pas de lui.
Oh ce n'était pas un bon plan, depuis qu'ils l'avaient amenés à toi, tu savais qu'il causerait ta perte. Après tout, ce n'était pas la première fois que tu avais cette sensation, tu l'avais aussi eu lorsqu'Altaïr avait commencé à vouloir se rapprocher de toi, lorsqu'il était entré - si violemment - dans ta vie. Et après Zekrom, c'était Kyurem. Kyurem, l'ancien, tu ne l'avais jamais vraiment approché. C'était l'ancien Kyurem qui avait fait ton éducation, qui t'avait rendue si différente de lui au final. Et puis... Il s'était approché, le petit garçon, il n'avait pas fallu bien longtemps pour qu'il capture un petit morceau de ton âme. Tu l'aimais bien, même si tu n'avais pas vraiment l'instinct maternel et que tu n'étais pas foutue de t'occuper d'un enfant. Tu jettes un regard un peu inquiet au Dimoret, il a l'air plutôt possessif, et tu comprends mais... Tu fais signe à Baal, ton Arcanin, d'approcher et soulève doucement le petit garçon pour le reposer sur le dos de l'Arcanin qui se couche en baillant longuement. Puis, tu tires le plaid du canapé et le repose délicatement sur le dos de l'enfant, avant de caresser ses cheveux du bout des doigts, il était glacé, comment c'était possible ? « Ça va un peu mieux, maintenant ? » Tu demande, tout bas, un peu mal à l'aise, tu trembles, tu hésites, comme si le moindre de tes gestes pouvait le briser en petits morceaux. Toi, si maladroite, si peu douée avec les gens, on te confie un enfant, comme si tu étais décemment capable de l'aider...
Ça va un peu mieux maintenant ? Saïph hoche la tête, la chaleur de l'Arcanin tout contre lui était apaisante et calmait ses grelottements pendant un instant. Reaper n'était d'aucune utilité de ce côté là, c'est vrai. Le Pokémon les observait de loin, ses griffes scintillant d'une lueur dangereuse. Woui... Un éternuement, peut être plus fort que le premier, vient contredire ses paroles. Il était sûr d'être malade maintenant. Ses yeux sont rougis, gonflés par la fatigue physique qui pèse sur ses épaules. C'était son seul point commun avec Kyurem, finalement. Il était glacé. Saïph se souvenait de ce qu'on lui avait raconté sur le dragon qu'il réincarnait : son souffle le congelait lui même tant il était froid. Kyurem avait quand même l'instinct de survie d'un Limagma au milieu de l'océan, mais bon... Et présentement, Saïph était lui aussi congelé, grelottant alors qu'il était blotti contre l'Arcanin et emmitouflé dans un plaid. Saïph a envie de pleurer, il voulait se sentir mieux et ça pouvait se comprendre. 'Suis malade..., il marmonne, presque boudeur.
Il est malade, il te dit. Mais que veux-tu y faire ? Rien n'est plus chaud que Baal, rien n'est plus doux que sa fourrure. Tu n'as pas de médicaments, tu as une solide constitution. Qu'est-ce que tu pourrais bien faire pour le soulager ? Toi, tu ne vois que le pratique, que le logique et là, tu ne peux rien faire. Tu retombes lourdement sur le canapé, l'observant avec un air un peu démuni. Tu dois être mignonne comme ça, avec ton air encore plus enfantin que lui. Toi et lui, vous faites partis de la même classe, celle des enfants perdus. Mais tu pensais avoir grandi, avoir mûri et finalement tu te rends compte que ce n'est pas vraiment le cas. Que rien à changé. Que tu es la même petite fille qui réclamait de quoi t'occuper auprès de l'ancien Kyurem. « Qu'est-ce que je peux faire pour arranger les choses ? Qu'est-ce qu'il te faut ? » Tu gémis presque, désespérée, suppliant pour qu'il te donne des indications mais ce n'est qu'un enfant Alecto, c'est toi l'adulte, c'est à toi de savoir.
Gelé, il avait l'impression que tout son corps était gelé alors qu'il regardait la jeune adulte avec de grands yeux désespérés, comme si elle pouvait et allait l'aider. Plus le temps passait, plus il avait l'impression qu'il se donnait froid à lui même : ses mains étaient froides, son souffle était froid, ses joues, son visage étaient froids. Mais Alecto ne bougeait pas, elle semblait perdu, même plus perdue que lui. Elle émit soudainement une plainte, presque suppliante. Qu'est ce que tu veux pour arranger les choses ? Qu'est ce qu'il te faut ? Il fronce les sourcils, d'habitude c'est les adultes qui savent ! Maman savait en tous cas... Il s'agite un peu sur place, les yeux mouillés. Il ne va pas pleurer, non, Maman lui a dit de ne pas pleurer et il ne le fera pas, parce qu'il veut la rendre fière. Mais la fièvre s'est abattue sur sa tête et il n'arrive plus à penser. Il n'arrive plus à se souvenir de ce que Maman faisait. Faut... Des médicaments. Ou un médecin... ? Il n'a aucune idée de ce qu'il raconte...